Mouvements à musique mécanique

L’arrangeur convertit une partition ou une musique existante en une nouvelle mélodie adaptée au mouvement de la boîte à musique. C’est un véritable travail de composition où il doit à la fois maîtriser la technologie et la musique. De nombreuses heures de travail sont investies pour que, de multiples notes d’un morceau de musique, émerge une mélodie harmonieuse.

De minuscules trous sont percés dans le cylindre en fonction du schéma défini par l’arrangeur selon sa composition. Un travail très complexe car certains rouleaux peuvent contenir jusqu’à trois mélodies différentes!

Un fil d’acier extrêmement fin, semblable à une aiguille, est inséré dans chaque trou du rouleau à l’aide d’un tour à piquer. Par la suite, il est coupé pour former une goupille responsable de la vibration des lames du clavier. Il peut y avoir plus de 1200 goupilles sur un rouleau de 72 lames.

Chaque cylindre est inspecté visuellement avec le plus grand soin. À l’aide d’une loupe, l’artisan vérifie méticuleusement que toutes les goupilles sont en parfait état, droites et qu’aucune n’est manquante. En cas de besoin, une nouvelle goupille est insérée manuellement à l’aide d’une « poussette ».

L’intérieur du cylindre est tapissé de résine pour sceller chaque goupille et améliorer la qualité du son. La composition de cette résine est l’un des secrets les mieux gardés de la Manufacture Reuge.

Une fois toutes les goupilles fixées, vérifiées et gommées, elles sont frisées, c’est-à-dire ajustées à même hauteur.

L’étampage est une technique de découpe en relief du métal en le compressant entre deux étampes complémentaires. L’un des moules est usiné en creux, tandis que l’autre est en relief, permettant leur emboîtement. Le poinçonnage, le découpage, le pliage, l’embossage, le gaufrage sont des techniques d’étampage. Les claviers, les régulateurs de vitesse et les barillets sont réalisés par des techniques de découpage ou emboutissage de bandes d’acier ou de laiton.

Les claviers sont usinés par une machine-outil à commande numérique pour diminuer la matière des futures lames et leur donner leur première forme avant le fendage.

Des fraises découpent des lames d’acier pour façonner les différentes touches d’un clavier unique, sur-mesure pour chaque mélodie ou musique sélectionnée pour le mouvement.

Le clavier est chauffé à une température de 800°C, puis plongé dans un bain d’huile tiède pour obtenir la bonne dureté, ni trop cassante ni trop élastique, lui donnant ainsi sa juste sonorité. Les lames sont bridées pour prévenir toute déformation.

De l’alliage Zamak, composé de zinc, d’aluminium, de magnésium et de cuivre, est coulé sous une partie des lames. Une scie sépare ensuite la masse de Zamak pour former à nouveau des lames individuelles qui produiront, pour les plus lourdes, des sons graves.

Une machine fait résonner chaque lame et compare les fréquences de vibration obtenues avec celles de la note souhaitée. Une meule ajuste la lame pour obtenir la note correcte.

Des plumes sont collées sous les lames des notes graves pour éviter les vibrations et éliminer un son trop métallique.

Les mouvements musicaux sont entièrement assemblés à la main. Le cylindre, le barillet, le régulateur, la détente et l’indicateur de mélodies sont fixés à la platine. Les gestes précis de l’artisan donnent vie au mouvement.

La fixation du clavier est l’opération finale la plus délicate de l’assemblage. L’artisan place le clavier à l’opposé des goupilles, à une distance précise que son oeil et son expérience lui dictent. Grâce à son oreille musicale, il obtient le son parfait.

Après un dernier contrôle, le mouvement est inséré dans son écrin. L’artisan referme le couvercle avec satisfaction, conscient d’avoir créé un objet exceptionnel capable de susciter l’enchantement.